Fruit de la rencontre entre Haytham al-Aswad, réfugié politique, et Nicolas Hénin, journaliste spécialiste de la Syrie et incarceré par Daech, « Haytham une jeunesse syrienne » illustre l’envie de raconter laissé derrière eux. Alliant à leur expertise les dessins aussi fins qu’explicites du dessinateur Kyungeun Park, déjà remarqué dans « Yallah Bye », les trois compères signent là un documentaire dessiné touchant au parcours étonnant.

Le récit nous emmène dans le quotidien de Haytham partagé entre vie de famille, espoirs révolutionnaires, parties d’échecs et pressions politiques. Puis surviennent les manifestations suivant le printemps arabe et le garçon réalise que sa vie s’en va prendre un tournant aussi inattendu qu’imprévisible. Après l’exil de son père, farouche opposant politique, c’est à son tour de partir le cœur lourd pour la Jordanie puis la France et d’y refaire sa vie. Le Français, l’école, ses premiers amis ou encore les démêlés avec les services sociaux : autant d’étapes à l’intégration qu’il se félicite d’avoir traversées avec détermination.

A l’heure où le conflit syrien résonne aux oreilles européennes comme crise des migrants et Etat Islamique, il est rafraichissant de revenir sur cette Syrie que l’on a un peu oubliée au profit du cri des obus. Non sans rappeler le « Persépolis » de Marjane Strappi dans sa dénonciation des pratiques totalitaires et le récit de l’intégration, l’album privilégie cependant une narration légère et éprise d’optimisme. En effet, c’est véritablement cet état d’esprit qui caractérise autant le jeune homme que son parcours. Entre naïveté et honnêteté, la bande dessinée est une tentative plutôt réussie d’allier information et divertissement sur un sujet des plus actuels.