La Liberté

«On ne m’a pas fait de cadeau»

Granit Xhaka évoque ses moments difficiles à Arsenal et son rôle en équipe de Suisse

Publié le 24.03.2017

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Equipe de Suisse »   Il est le socle de l’équipe de Suisse, imperturbable dans la tempête. Sauf que Granit Xhaka a eu peur, au plus fort de la critique après ses indisciplines sous le maillot d’Arsenal. Le milieu de terrain se dévoile avant le match de demain contre la Lettonie en éliminatoires du Mondial 2018.

Vous avez découvert cette saison la pression de la Premier League et d’un club comme Arsenal. Comment avez-vous réagi aux critiques parfois acerbes qui vous ont été adressées?

Granit Xhaka: Ce qui m’a énormément touché, c’est la source des critiques et la forme de celles-ci. Les critiques ne venaient pas de mon club, mais d’anciens joueurs qui ne me connaissent pas, pas plus qu’ils ne connaissaient Arsenal. Des gens qui ne savent rien de mon mode de fonctionnement m’ont attaqué en me faisant passer pour un idiot décérébré et méchant!

Qu’est-ce qui vous a fait le plus mal? Le choix des mots? Les suspensions qui vous empêchaient de prouver votre valeur?

Ma deuxième expulsion m’a vraiment perturbé. Je traversais une bonne phase, avec 13 ou 14 rencontres disputées consécutivement, j’étais dans le rythme. J’ai alors eu peur de perdre ma place. J’ai douté.

Une expulsion qui vous a coûté trois matches de suspension, et tout ceci pour une faute à 60 mètres de votre surface…

Mon geste était totalement inutile, car j’étais couvert par mes coéquipiers. J’ai immédiatement ressenti, lors du match retour à Munich, qu’il me manquait quelque chose dans les jambes: la compétition. Et j’ai eu besoin de temps pour retrouver le bon timing.

Avez-vous été étonné d’être d’emblée retenu dans l’équipe après votre suspension? Il y avait tant d’observateurs qui affirmaient que vous n’étiez qu’un élément perturbateur dans le jeu des Gunners…

Arsène Wenger n’aurait pas pu me donner une plus belle preuve de confiance. Après deux semaines de travail à l’écart avec le préparateur physique, le coach est venu vers moi et m’a libéré d’un poids: «Vous jouez!»

Pensiez-vous que cette affaire allait prendre de telles proportions?

Vous voyez, une telle expulsion peut, selon les circonstances, changer une carrière. L’entraîneur aurait aussi très bien pu me dire que j’étais un fardeau sur la route vers le succès. Il aurait tout aussi bien pu me virer!

Un Wenger qui subit lui aussi une très forte pression actuellement, avec la possibilité d’une non-qualification pour la Ligue des champions, ce qui n’est plus arrivé à Arsenal depuis 1997. A quoi ressemble la situation dans votre club?

Ce qui se joue ici, le quotidien à Arsenal, est très différent de ce que j’ai connu à Mönchengladbach. Il y a presque deux mondes d’écart. Trois contre-performances de suite et l’enfer se déchaîne. Les attentes sont gigantesques: gagner la Premier League, gagner la Ligue des champions et gagner les Coupes! Vous n’y parvenez pas, alors la critique ne vous rate pas, et elle arrive de partout.

Pensez-vous avoir plus appris durant votre première année à Londres que durant tout le reste de votre carrière?

Non, je ne peux pas dire cela. Sans le statut que je me suis bâti à Gladbach, je ne serais pas en Angleterre. Après six mois au Borussia, je voulais m’enfuir, j’avais l’impression d’avoir tout perdu. L’histoire a heureusement été différente, parce que je me suis battu avec conviction contre l’échec. Depuis cette époque, c’est devenu clair: je ne me laisserai jamais abattre par quelqu’un ou quelque chose.

Comme à Arsenal, le moindre de vos gestes ou de vos déplacements en équipe nationale est scruté…

Et cela ne me pose aucun problème, parce que j’ai fait en sorte d’être là où je suis aujourd’hui. On ne m’a pas fait de cadeau, je me suis énormément investi année après année. Il n’y a pas de hasard, tout a été planifié. C’est pourquoi je n’ai ni à me cacher, ni à me justifier.

Vous n’avez pas l’habitude de vous cacher, vous connaissez la pression, vous communiquez souvent. Vous postulez déjà pour le capitanat de la sélection?

Actuellement, je suis placé juste en dessous du vice-capitaine Valon Behrami, et Vladimir Petkovic n’en a pas décidé ainsi par hasard non plus. Je serais très fier de représenter mon pays avec le brassard. ats

Au programme, samedi

Eliminatoire du Mondial 2018, groupe B:

Suisse ­– Lettonie 18 h

Andorre – Féroé 18 h

Portugal – Hongrie 20 h 45

1. Suisse 4 4 0 0 9- 3 12

2. Portugal 4 3 0 1 16- 3 9

3. Hongrie 4 2 1 1 8- 3 7

4. Féroé 4 1 1 2 2- 8 4

5. Lettonie 4 1 0 3 2- 8 3

6. Andorre 4 0 0 4 1-13 0

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