Gouzel Iakhina affronte par la fiction les cicatrices du passé russe
Traduite dans le monde entier, l’écrivaine russe Gouzel Iakhina illumine la rentrée avec un roman d’aventures qui traverse le paysage traumatique de la première famine soviétique
Thierry Raboud
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Grand entretien » «La joie viendra avec le communisme», mais en attendant c’est la famine qui étend son aile noire, quand le pain est fait de copeaux de bois, les soupes diluées de sable. Alors il faut traverser forêts et steppes pour rêver à Samarcande, ses blés ensoleillés, ses raisins gorgés de tant de lumière qu’un seul grain, dit-on, suffit à vous rassasier… Entre deux, 4000 kilomètres de rail infestés de bandits, tchékistes russes, cosaques de l’Oural, basmatchis kazaks. Et ce convoi comme une arche cahotant vers l’espoir avec, à bord, cinq cents enfants.
L’histoire est un train dont la locomotive à vapeur, pour avancer dans le désert du présent, fait feu du passé. Gouzel Iakhina, écrivaine moscovite dont les deux premiers romans ont ébloui le monde entier, revient aux command