Leurs parties de Monopoly démarrent sur des bases classiques. Les deux garçons achètent des titres de propriété, érigent maisons et hôtels, suivent sans sourciller l’injonction «Retour à Coire Kornplatz» et passent un tour lorsqu’ils sont jetés en prison. C’est ensuite que ça se corse, lorsque le jeu devient plus étriqué, que l’essentiel des cases a trouvé preneur, et que la banque est en manque de liquidités. Dès cet instant, ce sont leurs propres règles, étrangères à celles du manuel, qui régissent le plateau. Ce code de conduite, dont ils sont les seuls à connaître les contours pour l’avoir peaufiné au fil des années, tolère l’échange de cash, le troc de bristols en tout genre, un vigoureux surendettement, voire quelques taloches. Et ces règles sont évolutives. Ainsi, après la tempête qui a ravagé les hauts de Neuchâtel en juillet dernier, ils ont revu leur grille tarifaire. Depuis, séjourner sur «La Chaux-de-Fonds, rue Léopold-Robert», c’est gratuit.