Le vieil homme sans âge et sans abri
angélique eggenschwiler
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Le mot de la fin
Jackson Square à La Nouvelle-Orléans, en Louisiane, par une chaude fin d’après-midi. Je m’allonge sur l’herbe pour espionner les vivants à l’ombre d’une fausse somnolence.
J’observe; je tends une oreille indiscrète et laisse courir mes pupilles sur les nuques des passants. Elles s’arrêtent à quelques mètres de là sur un vieil homme: octogénaire sans doute, peut-être plus. Voire certainement moins; moins les rides du tabac et les stigmates de la rue. Un homme sans âge et sans abri.
Il dormait peu avant mon arrivée. Il roule à présent minutieusement le tapis qui lui servait de couchette. Un vieux tapis: une poignée de franges rescapées et quelques motifs péruviens à demi effacés par le temps; celui qui passe comme celui qui mouille. Le même qui use, glace et tue.<