Après une carrière journalistique entamée au sein de Pilote en 1972, René Pétillon arrive au Canard Enchaîné en 1993. Son arrivée dans l’hebdomadaire va très vite l’imposer comme l’une des figures de proue de la presse satirique française aux côtés de Gotlib et d’autres afficionados du crayon vitriolé. Ainsi, après 23 ans de collaboration et près 11'000 dessins, la sélection des 350 dessins présentés dans l’ouvrage fait la part belle à 10 ans d’actualité chargée tant en Hexagone que dans le monde.

Organisé comme un abécédaire allant de « A comme Afrique » à « Z comme Zadistes » en passant par « T comme Trump » ou « D comme Daech », on devine rien qu’à la vue de la couverture que personne ne sera épargné. En effet, non content de remettre en question les puissants de ce monde, politiciens et acteurs de la finance en tête, Pétillon s’attaque aussi à des thèmes plus généraux tels que la religion ou la culture. De plus, il est intéressant de noter que le dessinateur ne surfe pas que sur les coups d’éclats des sujets à sensation tels les attentats à l’encontre de Charlie Hebdo, à qui il a d’ailleurs apporté sa plume au moment des faits. En effet, Pétillon sait aussi faire dans la nuance, à tendance acide, lorsqu’il donne par exemple la parole à une femme saoudienne au moment d’évoquer l’égalité des sexes selon Yves Saint Laurent. 

Spontané face à l’actualité
En bon caricaturiste, le journaliste a le sens de la formule et parvient à susciter réactions et réflexions en quelques mots. Cependant, s’il est possible de déplorer un certain manque d’originalité voire de suffisance suivant les thématiques abordées telles que la pédophilie au sein de l’église catholique, il est important de garder à l’esprit que ce format s’inscrit avant tout dans cette démarche d’efficacité et de spontanéité face à l’actualité. En effet, dans une période où l’information n’a jamais été aussi vite partagée et commentée, il est parfois difficile de se remémorer chaque étape ayant constitué un fait d’actualité.

En définitive, il demeure agréable de constater qu’après les craintes et les polémiques soulevées autour de la liberté d’expression et le rôle des dessinateurs de presse lors de l’affaire des carricature de Mahomet, René Pétillon propose cette petite anthologie critique de la dernière décade faisant appel à l’humour et à la dérision afin de relativiser le sensationnalisme de chaque événement survenant dans notre quotidien mondialisé.