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Musique, gare aux préjugés

A Fribourg, ces jeunes aux goûts singuliers intriguent les passants

Musique, gare aux préjugés © Isabelle Clément
Musique, gare aux préjugés © Isabelle Clément

LEONARDO GOMEZ

Publié le 16.05.2017

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Rencontre »   Des crêtes iroquoises géantes, des bombers en cuir et des chaînes à n’en plus finir: lorsqu’un groupe de metalleux ou de gabbers prend d’assaut le hall de la gare de Fribourg, le passant a de quoi se sentir quelque peu intimidé. Mais connaît-on leur musique et leur univers? Sait-on ce qu’est vraiment le gabber ou le metal? Rencontre avec ces jeunes aux goûts souvent mal compris.

Metal «J’ai grandi dans le metal. Mes parents étaient fans, et je n’ai jamais rien voulu écouter d’autre. J’apprécie Black Sabbath, pour ne citer qu’un classique. J’ai grandi avec cette violence, cette force, cette puissance déchaînée. Quand j’écoute un bon vieux thrash ­metal, je vibre jusqu’au fond de moi», raconte Derek Mosimann, 17 ans.

Le heavy metal est un genre musical popularisé entre les années 1970 et 1980. Caractérisé par une rythmique puissante, il est généralement porté par la guitare et la batterie. Inspiré du hard rock, il a donné naissance à de très nombreux sous-genres, mais continue de souffrir d’une image négative du fait des thématiques très sombres qu’il traite.

Souvent dévisagé à cause de son look, Derek Mosimann explique: «Nous nous habillons de manière provocante, et c’est vrai qu’il y a parfois des dérives: certains prennent au premier degré les paroles de nos chansons, et cela peut vite dégénérer. Mais ils ne sont pas la majorité. Nous ne sommes qu’une bande de potes animés par la même passion, et pas des satanistes en puissance. Nous buvons des bières et nous pouvons gueuler fort, mais sans être plus dangereux que d’autres. Et même si nous avons parfois l’air de corbeaux, nous ne sommes souvent que de gros nounours. Alors, venez boire un coup avec nous, vous ne le regretterez pas.»

Gabber Le gabber, genre de musique électronique dérivé de la techno hardcore, est apparu au début des années 1990 aux Pays-Bas. Connu pour son tempo rapide et sa base rythmique (ou «kick») très distordue, le mouvement gabber est souvent lié à des stéréotypes faits de drogues et de crânes rasés.

«Il faut être honnête, il y a de la drogue dans le mouvement. Ça fait partie de sa culture», admet Arnaud Maillard, 17 ans. «Nous traînons souvent à la gare simplement car nous venons d’un peu partout, et que personne ne vient nous déranger. Mais la base du mouvement gabber, ce n’est pas la drogue ou l’anarchisme: c’est la musique. La force des «kicks», le rythme psychédélique, c’est ça qui me donne des frissons. L’important, c’est ce que les gens sont et pas ce qu’ils montrent.»

Charles Sergy, 17 ans lui aussi, invite à l’ouverture: «Ecoutez KOD Murda, écoutez les mix de la Thunderdome, intéressez-vous à notre musique, soyez curieux! Il y aurait beaucoup moins d’incompréhension si les gens faisaient cet effort, au lieu de juger de loin. Si vous n’aimez pas, ce n’est pas grave, mais ce n’est que comme ça que la peur fera place à l’entente.»

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