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Haïti vu autrement

Ivo, entouré de collaborateurs de l’organi­sation SOIL, trône sur 
un modèle 
de ­toilettes sèches. © SOIL
Ivo, entouré de collaborateurs de l’organi­sation SOIL, trône sur 
un modèle 
de ­toilettes sèches. © SOIL
Publié le 14.03.2017

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Parle-moi d’ailleurs !

Ivo João Guilherme, ingénieur en environnement de 28 ans, travaille depuis bientôt quatre mois à Haïti. Il livre un regard critique sur la dépendance humanitaire de l’île.

«Je travaille pour SOIL, une ONG étatsunienne active à Haïti dans le domaine de l’assainissement. Elle propose un service privé de toilettes sèches particulièrement adaptées aux défavorisés. Le contenu des toilettes – les matières fécales et le matériau de couverture, qui remplace la chasse d’eau, à base de canne à sucre locale – est acheminé hermétiquement une fois par semaine sur un site qui transforme le tout en compost. Celui-ci est principalement vendu à des ONG actives dans l’agriculture ou des projets de reforestation. Le service est payant (3 fr. 50/mois), l’objectif étant de créer à terme une entreprise sociale rentable dirigée par des locaux. Actuellement, des directeurs et des conseillers étrangers, dont je fais partie, soutiennent l’équipe haïtienne.

Je remets continuellement en question mon engagement dans l’humanitaire, sur lequel j’ai un regard assez critique. La structure haïtienne sera-t-elle autonome un jour? L’entrepreneuriat social vise-t-il à socialiser l’entreprise, ce que je trouve positif, ou à privatiser les services de première nécessité? Fais-je partie d’une de ces ONG néfastes pour l’Etat haïtien car se substituant à celui-ci, ou ce projet est-il vraiment différent comme je le crois?

La vie à Haïti, ce n’est pas ce qu’on voit à la télé! On n’a injustement pas de vision positive de ce pays très vivant. Je profite du week-end pour faire des balades à vélo ou à pied dans les belles montagnes environnantes. J’essaie de ne pas me socialiser uniquement avec des expatriés et l’apprentissage du créole – imposé par SOIL – m’aide dans cette voie. Je tâche de promouvoir l’économie locale en évitant au maximum les nombreux produits importés et en demandant à être payé en gourdes, la monnaie haïtienne, plutôt qu’en dollars, comme le font tristement beaucoup trop d’ONG.» Delphine Niederberger

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