Les éclats de rire des jeunes femmes résonnent fort sur la terrasse du café planté sur Olaya Street. Si toutes portent l’abaya (la robe traditionnelle noire qui recouvre entièrement leur corps), certaines laissent négligemment leurs cheveux dépasser du voile. Baskets blanches et sacs à main griffés font aussi partie du code vestimentaire de rigueur en ce début de soirée à Riyad. Elles auraient été un anachronisme dans le décor une poignée d’années en arrière. «Avant, c’était inimaginable de voir des femmes sur une terrasse, et en plus faire du bruit», glisse un Saoudien. «Elles restaient à l’intérieur du café. Mais on s’est habitués depuis.»

Avant, c’était au temps des restrictions dans l’espace public, quand les femmes étaient entièrement soumises aux règles du tutorat masculin et bonnes à rester chez elles. Le corps féminin était enfermé dans un carcan qui l’empêchait de se déplacer librement. Le seul qui avait la clé était le père, le mari ou le frère. Mais c’est un autre h