Recueil »   Né en Bavière en 1929, Hans Magnus Enzensberger est l’une des plumes les plus incisives de l’Allemagne contemporaine. On lui doit des romans, des essais comme le remarquable portrait du général Kurt von Hammerstein, qui dès 1933 eut le courage de s’écarter du régime nazi, lançant cette formule cinglante: «La peur n’est pas une vision du monde». Enzensberger est aussi poète comme on peut s’en aviser en découvrant L’Histoire des nuages, un recueil publié chez Suhrkamp en 2003, qui sort aujourd’hui en français dans un volume élégant chez un éditeur de Sénouillac dans le Tarn.

Le corpus de l’ouvrage tient en 99 méditations poétiques offertes au lecteur avec le texte original en regard. Il faut se laisser aller à l’écriture à la fois ample et acérée de l’auteur où résonne l’écho des tragédies du siècle. Comme la conscience blessée de la culpabilité allemande prenant toute la mesure de la barbarie nazie. Une fascination court dans ces pages pour l’inépuisable, sinon éter