Chronique: Une journée qui n’arrivera jamais
Michaël Perruchoud
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Je croise parfois cette dame dans mon quartier, je ne connais pas même son prénom, mais nous nous arrêtons quelques secondes pour nous demander comment ça va. Nous nous sourions vaguement avant de reprendre nos routes, gênés de ne rien avoir d’intelligent à nous dire.
L’autre jour, j’ai failli ne pas la reconnaître dans son manteau, derrière ses grosses lunettes noires. J’en ai profité pour faire un brin d’humour et je lui ai dit: «Vous êtes complètement changée avec ce look actrice. Vous allez à un casting?» Mal m’en a pris: il s’agissait de vêtements de deuil. Son beau-père. Alors que je balbutie quelques mots d’usage, elle me raconte, les vannes grandes ouvertes: une maladie, il y avait peu d’espoir, mais personne ne pensait que ça irait si vite.
Une pause, enfin, dans nos fatigues et nos douleurs
Et cet enterrement, ça tombe mal, elle le dit d’une petite voix parce qu’elle ne veut pas paraître égoïste: elle devait partir en vacances ce vendredi et elle en a