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Le procès du volet suisse de l'affaire 1MDB débute à Bellinzone

L'ombre de l'ancien Premier ministre malaisien Najib Razak, grand bénéficiaire du siphonnage du fonds 1MDB, va planer sur le procès de deux hommes d'affaires qui s'ouvre mardi devant le Tribunal pénal fédéral (archives). © KEYSTONE/AP/VINCENT THIAN
L'ombre de l'ancien Premier ministre malaisien Najib Razak, grand bénéficiaire du siphonnage du fonds 1MDB, va planer sur le procès de deux hommes d'affaires qui s'ouvre mardi devant le Tribunal pénal fédéral (archives). © KEYSTONE/AP/VINCENT THIAN


Publié le 29.03.2024


Le Tribunal pénal fédéral se penchera dès mardi sur le volet suisse de l'affaire 1MDB. Les deux accusés, un homme d'affaires et son associé, répondent d'escroquerie et blanchiment aggravés notamment, pour avoir participé au pillage du fonds souverain malaisien.

Les deux hommes sont accusés par le Ministère public de la Confédération (MPC) d'avoir ouvert les feux dans la vaste opération de siphonnage du fonds orchestrée par l'ex-Premier ministre malaisien Najib Razak et son conseiller Jho Low. L'ampleur des détournements s'élèverait au final à quelque 4,5 milliards de dollars, dont 1,8 milliard à l'actif des deux prévenus jugés par la Cour des affaires pénales.

Double national suisse et saoudien, l'homme d'affaires est accusé de gestion déloyale, corruption active d'agents publics étrangers, faux dans les titres, blanchiment d'argent aggravé et gestion déloyale des intérêts publics. Titulaire de deux passeports également (suisse et britannique), son associé répond des mêmes griefs, à l'exception du faux dans les titres.

Fausse société étatique

Selon l'acte d'accusation, le premier aurait obtenu entre 2009 et 2011 le versement de 1,8 milliard de dollars de la part de 1MDB sur des comptes détenus par sa société Petrosaudi, établie à Genève. Grâce au plan ourdi par les deux prévenus et d'autres acteurs, le conseil d'administration du fonds était persuadé qu'il négociait avec une société étatique saoudienne active dans la prospection et l'exploitation de gisements pétroliers.

En réalité, Petrosaudi et les sociétés qu'elle contrôlait aux îles Caïmans et au Turkménistan n'étaient guère plus que des coquilles vides. Par un habile tissu de mensonges et de demi-vérités, les deux accusés ont convaincu le conseil que Petrosaudi détenait des licences pour des champs pétroliers au Turkménistan et en Argentine.

Droits d'exploitation fictifs

Afin de participer à l'exploitation de ces ressources, 1MDB a été invité à fonder une joint-venture avec Petrosaudi. Alors que le fonds contribuait par des versements, les apports de la société genevoise étaient constitués par des droits fictifs.

Dans un premier temps, 1MDB a été délesté, à fin 2009, de 1 milliard de dollars. Soit 700 millions qui ont abouti sur un compte détenu par Jho Low et 300 millions au profit de Petrosaudi, et donc des deux prévenus.

Juteuse restructuration

Dans un second temps, une restructuration de la joint-venture a débouché sur de nouveaux versements en 2010: 500 millions pour la société commune - et en réalité pour les deux accusés, selon le MPC - et 330 millions pour Jho Low.

Le procès est agendé pour tout le mois d'avril. Le Parquet présentera ses réquisitions de peine à l'audience. Les deux prévenus sont présumés innocents.

Le scandale 1MDB a abouti à l'ouverture de procédures dans plusieurs pays. En Malaisie, il a entraîné la chute du gouvernement de Najib Razak en 2018. Ce dernier a été condamné en juillet 2020 à 12 ans de prison et à une amende de 210 millions de ringgits (44 millions de francs). Début février 2024, le comité des grâces de Malaisie a ramené à 6 ans la peine infligée à l'ancien Premier ministre. (cause SK.2023.24)

ats

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